Le dos au mur

En 2020, la frontière des Etats-Unis et du Mexique est matérialisée par un mur. Une chaîne de télévision a l’idée d’un jeu de téléréalité consistant à lancer 200 candidats à l’immigration dans une course-poursuite avec les forces de l’ordre. Les perdants sont tués ou capturés, le gagnant obtient de l’argent et un visa américain. Diego décide d’y participer pour rembourser les dettes de son père auprès de la mafia locale. Avec Pablo, Chico et Guadalupe, il va découvrir Angel Town, une ville souterraine de clandestins. Un secret qui intéresse bien la police…
La quatrième de couverture l’annonce : « une traque mortelle digne des meilleurs épisodes de 24 Heures ou de Prison Break ». Le lecteur n’est pas déçu par le rythme sans temps morts et le suspens haletant du roman. Centrée sur quelques jeunes gens suivis par un narrateur externe, alternant avec des « kaléidoscopes » de destins funestes de candidats, l’action se développe avec crédibilité, porteuse d’une réflexion certaine sur l’immigration et les perversités de nos sociétés modernes. Ces dernières, habitées d’images qui banalisent la violence, engendrent des phénomènes extrêmes, depuis la possibilité de jeux rappelant l’Antiquité romaine jusqu’au policier qui collectionne les latinos morts (un personnage particulièrement réussi). L’Etat cautionne, utilise même ces dérives, privilégiant des intérêts politico-économiques à la justice. L’idée de la chasse à l’homme n’est pas neuve en littérature, et Le Dos au mur peut aussi faire penser à Running Man de Stephen King, aux Yeux de Rose Andersen de Xavier-Laurent Petit, à Acide Sulfurique d’Amélie Nothomb… Christophe Lambert a su la mettre au goût des jeunes, gros amateurs de séries télévisées à rebondissements, tout en la gardant ouvertement critique (Georges Bush Junior en prend pour son grade…). Un ouvrage de salubrité publique, en quelque sorte.