Une année dans les bois

Rendre compréhensible une pensée, une philosophie en actes est l’objectif de l’album Une année dans les bois.

A partir de fragments de Walden, d’Henry David Thoreau, Laura Manaresi (pour le texte) et Giovanni Manna (pour l’illustration) donnent la parole au penseur nord-américain. Comme un fragment d’autobiographie, Henry Thoreau raconte la construction de la maison de ses mains, les choix qu’il opère : le bois, les techniques, les pièces. Cette présentation induit une réflexion sur la valeur du travail manuel et physique ; elle met l’accent sur ce qui est fondamental dans une maison : conservation et protection. Le passage des saisons est l’autre temps fort de ce livre: été, hiver, proche de l’eau, au milieu de la forêt. Peu de place est laissée au travail, la culture des haricots est tout juste évoquée, parce que la plus grande part est donnée à la symbiose avec la nature. Un homme, seul, est autant et aussi peu qu’un plongeon imbrin ou qu'une molène. Cette continuité du minéral au végétal, du végétal à l’animal est pensée comme une intégration de l’homme au sein de la nature sans supériorité aucune, rendu à ses sensations, en harmonie avec son environnement.

En dépit du charme extrême des aquarelles de Giovanni Manna et de l'importance de la pensée de Thoreau, on n’est pas transporté par cet album. La démarche décrite, purement individuelle, est illustrée au premier degré, la redondance entre textes et images ne crée pas de poésie ni de réflexion approfondie. On ressent le plaisir éprouvé par l’auteur mais on reste sur le bord et l’image finale symbolise l’éloignement qu’on éprouve : chapeau et bâton à la main, le personnage un peu fictif et qui colle peu à celle du philosophe regarde son lecteur du bord de l’eau.