Lou après tout (T. 1). Le grand effondrement
L'avis de Ricochet
« Trop penser au passé, c’est le meilleur moyen d’y passer. » (p. 50)
Rien ne va plus dans le troisième millénaire : l’accélération du réchauffement climatique, la montée des mouvements d’extrême droite, la croissance des inégalités sociales sont les signes avant-coureurs du déclin annoncé de la civilisation. Si une poignée de personnalités politiques et de citoyens engagés tentent coûte que coûte d’alerter la population, les autres habitants du pays dopés aux antidépresseurs et accrocs à la réalité augmentée, les Cyberautistes et les Bougeurs, deux catégories d’humains hautement contagieux, sèment derrière eux la terreur et le chaos.
Ce roman noir d’anticipation, signé Jérôme Leroy, débute après la « Grande Panne », qui a eu lieu le 13 juin 2040 à 21h47. Suite à cette date fatidique, après 13 ans d’errance, Guillaume, âgé d’une trentaine d’années, et Lou (une jeune femme que Guillaume a recueillie à ses 4 ans dans le Centre de Défense n°5) trouvent refuge par un froid glacial dans la Villa Yourcenar située en Flandre. Cet arrêt forcé, parce que Lou a été mordue par chien contaminé devenu cyb, bouleverse le destin des deux protagonistes. Déterminé à tuer ce rottweiler enragé qui s’est terré dans les bois, Guillaume prend une arme au petit matin. Deux coups de feu résonnent dans la campagne. A l’aube de sa mort, Guillaume voit défiler sa vie. Nous, lecteurs, assistons, par le prisme des souvenirs personnels de ce dernier, au récit rétrospectif des événements qui ont conduit à ce « grand effondrement », qui est précisément le titre du premier livre de cette trilogie post-apocalyptique.
Cette fascinante dystopie fonctionne d’autant mieux qu’elle prend racine et fait écho à notre quotidien politique, écologique et numérique. Elle remet en question le fonctionnement actuel de nos sociétés dites pensantes et questionne le futur que nous voulons donner à notre civilisation, au futur que nous voulons construire pour et avec nos enfants.
Ce futur imaginé par Jérôme Leroy, comme dans toute dystopie, se veut terriblement vraisemblable et, partant, anxiogène : dérèglement climatique, apartheid social, primauté des nouvelles technologies, disparition de la littérature. Voici ce qui attend l’humanité si elle ne prend pas aujourd’hui la mesure des déviances de ses mœurs et modes de vie actuels. Comme la Cassandre antique, l’auteur, par le biais d’une fiction littéraire, interpelle et alerte ses lecteurs. Quel avenir les attend si la réalité augmentée et l’utilisation à outrance du numérique prennent la place de la créativité, de l’imagination humaine ; si elles privent les humains de tout rapport réel et physique entre eux et les coupe de la Nature ?
Gageons que cette dystopie narrativement très efficace sera opérante ! En tous les cas, nous concernant, ce premier opus nous aura incontestablement exhortés à nous replonger dans la lecture des poèmes écrits par Apollinaire pour sa bien-aimée Lou, poèmes dont la douceur, la profondeur et la force nous donnent envers et malgré tout confiance en l’amour, ce lien qui a uni et unira pour les années à venir les êtres humains.
Et si tout comme nous, vous avez hâte hâte de savoir ce qu’il va advenir de la belle et combative Lou le tome 2 de cette trilogie est prévu pour octobre 2019. Le tome 3, La bataille de la douceur est, lui, annoncé pour 2020.
Présentation par l'éditeur
Lorsque la civilisation s'est effondrée, le monde allait mal depuis longtemps. Bouleversements climatiques, émeutes, épidémies inquiétantes et dictatures... c'était un monde en bout de course, où l'on faisait semblant de vivre normalement. Le Grand Effondrement était inévitable, mais nul n'aurait pu imaginer ce qui allait suivre.
Lou et Guillaume font partie des survivants. Elle est adolescente, lui a une trentaine d'années. Il l'a recueillie quand elle était toute petite. Réfugiés dans une ancienne villa perchée sur un mont des Flandres, ils savent que le danger peut surgir à tout instant.