Vilaine

Fait unanimement reconnu, Cendrillon était belle, altruiste et douce, tandis que ses demi-sœurs collectionnaient laideur, jalousie et méchanceté. Moui… Jennifer Donnelly s’applique à déconstruire le mythe, en suivant Isabelle et Octavia, les deux oubliées du conte. Leurs pieds amochés (pour rentrer dans le soulier de verre), leur mère devenue folle, leur maison brûlée, elles se réfugient chez une fermière qui les esclavagise aux champs. Octavia la scientifique se console en griffonnant des équations sur des feuilles de choux.

Mais Isabelle a fait l’objet d’un pari entre Destinée – vieille femme dont les cartes aux encres choisies dessinent les vies – et le marquis de Chance, indécrottable optimiste qui a décidé d’arracher Isabelle à sa mort prochaine. La fée Nature se mêle à l’histoire en invitant Isabelle à retrouver les trois morceaux de son cœur : Félix, son amour de jeunesse, Néron, le cheval favori de cette écuyère de talent, et Ella, sa demi-sœur devenue reine de France. Le temps est compté, l’odieux Volkmar mène la guerre de plus en plus près…

Intrigue fantastique indépendante du conte en référence, Vilaine dessine un beau portrait de jeune fille confrontée à sa différence. Isabelle a un fort caractère, un solide appétit et des goûts de garçon. Le roman questionne finement les notions de destin et de libre-arbitre, laissant in fine le doute planer. On retiendra qu’après moult épreuves, Isabelle parvient à sublimer sa personnalité et trouver une place de choix au royaume. Consistant et réjouissant, malgré une couverture bien fausse !