Freedom ! L'incroyable histoire de l'Underground Railroad

Entre le XVI^e et le XIX^e siècle, 12 millions d’Africains ont été arrachés à leur terre natale pour être emmenés en Amérique pour travailler comme esclaves dans les plantations du Sud. Cette tragédie fondatrice a engendré la guerre la plus meurtrière qu’aient connu les États-Unis – la guerre de Sécession et ses 650 000 victimes – jusqu’à la signature du 13^e amendement portant l’abolition de l’esclavage. Malheureusement, comme chacun le sait, les décisions politiques n’effacent pas les rancœurs profondes qui, longtemps après, continueront à déchirer la société américaine toujours hantée par son passé.

En signant Freedom !, Jennifer Dalrymple, autrice franco-américaine, s’est intéressée à cette histoire douloureuse de l’esclavage à travers la figure à la fois emblématique et inspirante de l’activiste Harriet Tubman. Ancienne esclave née dans le Maryland, cette femme exceptionnelle fit non seulement preuve de courage pour gagner sa liberté mais œuvra ensuite toute sa vie pour libérer les siens en participant notamment à l’Underground Railroad, le « Chemin de fer clandestin ». L’ouvrage raconte ainsi l’histoire de ce train imaginaire qui organisa à travers le territoire américain une véritable chaine humaine de la solidarité et contribua à redonner liberté et dignité à des centaines d’esclaves, hommes, femmes et enfants. Le ton est juste, les informations nombreuses. A la fois récit et documentaire, il sensibilise le lecteur en une centaine de pages à la dureté de leur vie, revient sur les batailles politiques et juridiques menées et rend hommage à tous ceux, blancs ou noirs, célèbres ou anonymes, qui ont fait acte de résistance.

A la fois passionnant et riche en émotions, Freedom ! est en outre superbement illustré par Justine Brax (Le pirate de cœur, 2019, Le dernier des loups, 2020) derrière laquelle on devine parfois la patte de Benjamin Lacombe, partie prenante au projet. Profitant de la liberté qu’offre ce grand format (28 x 31) et une belle qualité de papier, Justine Brax mêle les styles graphiques en jouant à la fois sur les effets de lumière et de matières : dessins à l’encre, lavis rouge sang, collages à la façon d’anciennes coupures de presse ou extraits de lettres, ciels étoilés témoins des marches nocturnes, etc. La mise en page multiplie les titres et les encadrés, facilitant ainsi la lecture et évitant toute impression de monotonie. Un travail de grande qualité, soutenu par Le Centre National du Livre, à mettre d’urgence entre toutes les mains.