Imagine une ville

Illustratrice d’une cinquantaine d’ouvrages, autrice du Monde secret d’Adelaïde (sorti en avril 2021 également chez la maison d’édition québécoise D²eux), Elise Hurst, artiste australienne de talent, emmène cette fois une maman et ses deux enfants très sages à bord d’un train pour un extraordinaire périple au cœur d’une ville imaginaire. Dans cette ville de tous les possibles, les gratte-ciel côtoient d’antiques cathédrales, les habitants se déplacent en poissons-bus, des paysages entiers s’échappent de leurs cadres au musée et l’on rêve sur l’eau allongé dans des nénuphars géants.

La ville d’Elise Hurst propose un monde souriant où humains et animaux vivent en bonne compagnie et le plus naturellement du monde, le ciel et la terre se confondent, le passé dialogue avec le futur. Réalisés à la plume, en noir et blanc, les dessins – dans un style rétro et sur papier blanc cassé – sont des chefs d’œuvre de fantaisie qui à chaque page développent l’esprit d’observation. Une girafe déambule sur une passerelle, une locomotive perce le fond d’une bibliothèque, un escalier colimaçonne vers le ciel tandis qu’un jeune garçon embroche un nuage comme une barbe à papa et qu’un chat hissé sur un tabouret joue aux échecs. Le texte, très sobre, se limite à quelques interventions ponctuelles, laissant le lecteur tout à la joie de cet univers débridé à la Mary Poppins, où tous nos repères s’effacent, où chaque image devient un jeu, une histoire dans l’histoire. Et la magie opère, l’effet est saisissant : le livre d’Elise Hurst agit comme une bourrasque insufflée à nos cerveaux trop cloisonnés. Un vent de légèreté emporte le lecteur vers d’autres mondes, à la manière des parapluies volants éparpillés aux quatre coins de la couverture.