La couronne

De quelle « couronne » s’agit-il ? Sur la couverture, est-ce un animal, une dent ? Mais non, cette « couronne » est un sac en plastique, volant... ! Qui parle ? À qui s’adresse-t-il ? À cette petite fille qui caresse un cheval ? Sans doute, c’est elle qui symbolise le futur. Mais que porte-t-elle sur la tête ? Une couronne « faite de tout ce qui a été jeté, abandonné dans la nature ».

Nous avançons ainsi de mystère en mystère et le dessin très fin d’Emily Kapff tout en nuances de gris détaille les déchets, canettes, télécommande, vaporisateur dont la belle composition chapeaute le visage en larmes de « l’héritière », car c’est sur sa tête que repose le passé, elle qui représente le futur. Cette opposition passé/futur fonde le récit. Le vocabulaire scande l’idée de dégradation, déchet, décharge, son histoire sinistre cache le grand livre du monde, celui qu’elle retourne et qui d’un coup va illuminer l’air de couleurs joyeuses et de vibrations . Le dessin se transforme, il devient animalier, attentif à la nature, aux végétaux, aux insectes et le narrateur omniprésent dévoile un avenir éclatant qui fait rire et battre des mains la fillette. Poissons, oiseaux, mammifères ont envahi les pages. Au final, sur des troncs coupés, quelques témoins de vie, insectes, champignons, preuves de la vie après la mort des arbres et quelques questions fondamentales posées aux lecteurs : « n’ai-je pas déjà assez bien d’objets ? Quel voyage a fait cet objet pour arriver jusqu’à moi ? Je peux peut-être y aller à pied ou à vélo ? »

Un album résolument militant, ouvert et sensible, porteur d’espoir.