Voyages à perdre haleine

Le sommaire conforte le titre, Voyages à perdre haleine, tous les poèmes traitent du voyage dans tous les espaces possibles, mer (« À la mer »), montagne (« Ascension »)... Heureux ou décevants, « Échappée belle » ou « Voyage interdit », on peut vivre les émotions associées dans ces courts textes de Béatrice Libert, animés par les illustrations faussement naïves de Kotimi.

La quatrième de couverture présente le texte « En avant ! » qui dévoile avec humour quelques secrets sur la fabrique du poème :

Ce qui fait avancer le lapin,
c’est la carotte.

Ce qui fait voyager l’ânesse,
c’est le son sans la musique.

Ce qui fait décoller les poètes,
ce sont les ailes de l’amour

et quelquefois venu on ne sait d’où,
un jeu de mots casse-cou.

Le lecteur curieux appréciera le jeu croisé avec l’illustration où l’ânesse lorgne la carotte destinée au lapin tandis que le double sens de « son » est qualifié de « jeu de mots casse-cou ».

Chaque poème se présente comme une saynète qui déroule ses personnages, un équilibriste, des trains, un escargot ou un chapeau. Ils vivent des aventures improbables, comme avoir le mal de l’air, rêver de mer, migrer dans un décor de paradis. L’illustration saisit un élément de l’histoire et surligne le sens en le renforçant. Par exemple, les maisons en voyage ont des petites pattes. Sur une autre double-page, un vieux monsieur et une vieille dame bouleversants avec leur bouée rayée descendent vers la plage et disent : « Nous irons à la mer / semer notre fatigue [...] et ce sera l’été / en chacun de nos gestes ! ».

Au gré des textes, l’amateur de poèmes entre en discussion avec les autrices et se laisse embarquer par le côté saugrenu, joyeux des histoires et des illustrations, pour des interprétations tout en finesse.