Moitié moitié

Réputées pour leurs choix éditoriaux souvent audacieux, les éditions du Rouergue nous proposent ici un texte original d’Henri Meunier (auteur de La rue qui ne se traverse pas, Notari, 2011 et de Coeur de bois, Notari, 2016 ) élégamment mis en dessins par Nathalie Choux. Cette illustratrice également céramiste développe depuis 20 ans un style bien à elle avec un trait tout en finesse et des personnages aux airs de marionnettes. Moitié moitié raconte à sa façon l’éternelle quête de l’être humain pour se réconcilier avec lui-même.

Une petite fille aurait rêvé de naître sirène « moitié poisson, moitié mannequin » avec « une voix toute de promesses et d’or ». Seulement voilà, elle est née plutôt « rènesi », une sirène à l’envers, sirène de cité qui habite une piscine, avec « des jambes de déesse » certes mais une tête de sardine et une voix qui chante faux. Alors comment se faire aimer dans ces conditions ? Son père le Minotaure et sa mère, moitié femme moitié vache, tentent bien de lui donner confiance, son oncle et son cousin centaures auraient bien de quoi l’inspirer ou même ses demi-frères Jean-René et René-Jean, « moitié homme moitié homme ». Mais c’est toujours au fond de soi que l’on découvre les vérités et que l’on apprend qui on est vraiment. Telle est la conclusion de cette belle fable philosophico-poétique et à l’humour bien trempé. Jeux de mots et références à la mythologie émaillent l’histoire qui se termine sur cette phrase du poète Eugène Guillevic à méditer : « Quand rien Ne chante pour toi Chante-toi Toi-même ». Voilà donc un ouvrage atypique, plein d’inventivité et d’enseignements avec plusieurs niveaux de lecture : de quoi se régaler.