1914, Guillaume Apollinaire s'en va-t-en guerre

Contrairement à ce que laissent supposer les première et quatrième de couverture, il ne s'agit pas d'une biographie, mais d'une anthologie. Yves Pinguilly s'est chargé du choix et de l'articulation des titres, ainsi que d'une longue introduction. Il y rappelle « l'esprit nouveau » qu'a inventé avec d'autres Guillaume Apollinaire, le souffle de liberté sur les arts qui, au-delà des atrocités de la guerre de 1914-1918, a réinventé le XXème siècle. Apollinaire, d'abord artilleur, a pu trouver la guerre, gigantesque feu d'artifice, « jolie ». Foulant ensuite les tranchées, il a déchanté, puis a été blessé en 1916. Nous savons, même si le choix de poèmes ne va pas jusque-là, qu'il est, assez stupidement et très malheureusement pour la littérature, décédé de la grippe espagnole quelques jours avant l'armistice. Cendrars, Breton, Picasso, Cocteau, Léger... témoignent de sa disparition.

Judicieusement, Yves Pinguilly donne à lire l'évolution des états d'âme d'Apollinaire, avec en 1915 des caligrammes, des odes à Lou, des poèmes relativement neutres sinon optimistes, et en 1916 des regrets furieux sous la musique des mots, et des lettres à Madeleine aussi belles qu'inquiétantes. « Je t'écris de dessous la tente / Tandis que meurt ce jour d'été / Où floraison éblouissante / Dans le ciel à peine bleuté / Une canonnade éclatante / Se fane avant d'avoir été » (Carte postale, in Caligrammes). Un recueil à l'axe original qui reflète la modernité du poète dans ses heurs et malheurs...