43, rue du Vieux-Cimetière (T.2). Il faudra me passer sur le corps

Après un premier tome copieux et virevoltant au terme duquel le jeune Les était adopté par l'écrivain Ignace Bronchon et le fantôme Adèle, c'était un défi de renouveler la série. Déjà, les deux auteures ont choisi d'écrémer : ce tome est tout fin, tant et si bien qu'on se demande s'il aura le temps de dire quelque chose, composé comme il est de courtes lettres, d'extraits de journaux qui envahissent rapidement la page. Et bien oui, l'intrigue est encore une fois captivante, angoissante et drôle à la fois.
Imaginez un peu : Dick Tatter, Président du MIASME (Mouvement International Autoritaire pour la Sauvegarde Morale de nos Enfants), a décrété que les histoires de fantômes devaient être brûlées sur la place publique – au grand dam de Tom Set, bibliothécaire de Livid City. Il fait interner Ignace Bronchon, coince Les dans un pensionnat et oublie évidemment Adèle, tout rationnel qu'il est. C'est cette dernière qui, forte d'un pouvoir de nuisance certain..., va s'appliquer à aider nos héros et rendre fou Dick Tatter.

Le mode de lecture épistolaire, parsemé aussi de dessins, de détails qui tous contribuent à faire avancer l'action, saura plaire aux lecteurs les moins motivés et convaincre l'adulte prescripteur par sa finesse inventive – et puis, on parle sans cesse de livres ! Derrière le rire se profile aussi les difficultés à se faire admettre d'une famille très étrange : le moche Ignace amoureux d'un spectre encombrant, le timide Les violemment rejeté par ses parents et qui ne s'exprime quasiment jamais. Encore plus que dans le premier tome, des sentiments pudiques se devinent.
Nous ne nous inquiétons donc plus pour une suite éventuelle : entre leur entreprise d'écriture sans cesse remise à demain et les attaques les plus insolites dont ils ne manqueront pas de faire l'objet, les habitants du 43, rue du vieux cimetière ont encore de beaux jours devant eux, et ces sympathiques lectures junior aussi.