Attends, petit éléphant !

Petit Éléphant veut, toute affaire cessante, partir étrenner son nouveau vélo. Grand Éléphant ne l’entend pas de cette oreille : il est occupé à préparer la cuisine. Petit Eléphant entre dans une colère rouge... Et lorsque Grand Eléphant l’invite à venir manger, Petit Eléphant est occupé à son tour : à jouer, à lire, à travailler ! Grand Eléphant garde son calme.
Chaque élément de ce dialogue permet de voir les occupations de Petit Éléphant et celles de Grand Éléphant qui progresse dans la confection du gâteau ; battre la pâte, cuire le gâteau, le mettre au four, le décorer, dresser la table. Jeanne Ashbé met sur le même plan les deux personnages, personne ne conteste l’importance des activités entreprises par Petit Éléphant, aucun jugement, aucun acte d’autorité. Toutefois, en conclusion provisoire, Grand Éléphant met en avant un argument indirect imparable : « nous mangerons volontiers ton goûter ! ». Réaction immédiate, Petit Éléphant accourt. On s’aperçoit alors que Petit Éléphant n’est pas seul, tout le monde l’attend.
L’histoire serait simple et banale si elle s’arrêtait là. Mais L’auteure tient son histoire jusqu’au bout. Au début, Petit Éléphant voulait faire du vélo. Grand Éléphant le sait. Donc, toute la petite bande va partir. L’expérimentation du monde de Petit Éléphant se poursuit. La fin est ouverte, quelle est la chute ? L’illustration est limpide, tout est signifiant, rien n’est inutile ni superflu, lignes, couleurs et détails contribuent au récit. Jeanne Ashbé signe là un livre pour enfants et parents. Aux uns, elle dit qu’il faut laisser les petits expérimenter, aux autres, qu’on ne peut pas tout ! A tous, elle apprend la patience. Le clin d’œil final « la fortune vend à qui se hâte une infinité de choses qu’elle donne à qui sait attendre » Francis Bacon (1561-1626), situe cette modeste aventure du tout-petit au sein de la grande histoire humaine… Pour les tout-petits, un très grand titre.