Combien de pas jusqu'à la lune

Née en 1918, Katherine Johnson est la benjamine d’une fratrie de cinq enfants. Elle est élevée modestement dans une ferme en Virginie-Occidentale. Elle fait preuve d’une capacité d’observation telle depuis sa tendre enfance que sa famille met un point d’honneur à la cultiver. Le défi pour Katherine, qui est née noire, est de devenir chercheuse en mathématiques dans une société ségrégationniste, inégalitaire et misogyne.

Katherine rêve secrètement d’aller sur la Lune, lorsque fillette déjà, elle a essayé de compter le nombre d’arbres qu’il faudrait empiler pour y aller. Mais faute de pouvoir y mettre les pieds, elle a contribué mathématiquement à la réalisation de la mission Apollo 11. Katherine est d’ailleurs l’une des héroïnes du film Les figures de l’ombre, sorti en 2016, lequel relate son parcours à la NASA. Dans le roman qui nous occupe, elle a la manie de vouloir convertir son quotidien en racines carrées et équations complexes. Le temps s’arrête lorsqu’elle jongle avec les chiffres : « avec les maths, soit c’était juste, soit c’était faux. » 

Tout au long du récit, se dessine en filigrane un contraste net entre la violence de la société de l’époque et la chaleur du foyer où évolue la protagoniste. L’éducation bienveillante, l’amour filial et la solidarité fraternelle constituent le socle des valeurs essentielles sur lesquelles Katherine peut s’appuyer pour s’épanouir. Animés d’une volonté farouche pour lui permettre d’accéder à l’enseignement supérieur, ses parents la soutiennent et l’encouragent dans sa soif d’aller plus loin. L’intelligence de l’héroïne subjugue le lecteur et le maintient en haleine. Sa détermination à braver les préjugés et obstacles nous accapare totalement. Cela constitue d’ailleurs l’une des trames narratives de cette biographie romancée. Soucieuse des vérités biographique et historique, l’écriture de Carole Trébor a réussi le pari de ce voyage vers les étoiles.