Fans de la vie impossible

Trois ados, en mal de vie, expérimentent la sexualité, l'amour mais aussi la force et l'amitié, l'alcool, la drogue, l'art. Une fille et deux garçons forment ce triangle amoureux atypique : parmi eux, pas vraiment de concurrence ou de jalousie, de règle ou de morale. Les personnages sont finement décrits avec un humour un peu noir mais aussi avec bienveillance. La construction narrative est tout à fait pertinente et originale. Le personnage de Jeremy est le je de l'histoire, celui de Sebby le tu et Mira se raconte à la troisième personne du singulier. Mais étonnamment aucun des trois ne prend la place des deux autres.

Cette façon de raconter donne une dimension supplémentaire à l'histoire ; alors qu'on peut facilement se mettre à la place de Jeremy : il découvre son identité sexuelle qui n'est pas toute simple, on se prend à psychanalyser Sebby à qui on s'adresse avec le tu, on a envie qu'il écoute ceux qui veulent le sauver, on a envie qu'il croie à la vie. Quant à Mira, cette troisième personne du singulier implique une certaine distance, distance dont on sent qu'elle est le souci entre elle et le reste de sa famille.

Kate Scelsa nous promène au gré de ses envies à travers ses héros, nous faisant souffrir et réfléchir ou s'amuser avec eux, on a parfois envie de sauter dans le livre et de s'impliquer dans la vie de ces jeunes de faire partie de leur groupe d'amis. Un roman young adult plus adulte que jeune dont on ne ressort pas indemne.