Frankly in Love

Frank Li est le fils chéri autant que pressuré d’une famille émigrée de Corée du Sud vers le rêve américain. Ses parents tiennent nuit et jour une supérette et se montrent sous les atours de la prospérité auprès de leurs proches. Mais Frank Li a d’autres aspirations, à commencer par une histoire d’amour avec la jolie Brit Means, Anglo-saxonne pure souche. Lui et Joy, une autre jeune Coréenne, vont faire semblant de sortir ensemble pour partager des moments avec leurs petits amis respectifs. Le procédé millimétré aurait pu fonctionner si les sentiments n’en avaient décidé autrement…

Avec un « je » plein d’humour et une lucidité à hauteur de lycéen, David Yoon raconte une vie d’adolescent tiraillé entre ses origines et son quotidien. Les parents de Frank viennent d’un pays dont il ne parle pas la langue et où il n’a jamais mis un pied, mais dont on lui demande de respecter la culture et les idéaux, notamment celui de la réussite professionnelle. Son lycée représente le monde du cool et du consumérisme à l’américaine, et si Frank n’en est pas obsédé, il en est complètement imprégné. Cela donne des scènes de culpabilité chez lui et Joy parfois très drôles, mais au fond dérangeantes car elles sont encore les preuves des difficultés du melting-pot américain. Si l’atmosphère reste feutrée dans cette communauté asiatique, les évitements, voire les frictions, n’en sont pas moins réels. On appréciera le rôle pionnier de la grande sœur Hanna, avocate mariée à un Afro-américain. La fin très banale – une séparation liée à l’éloignement géographique du passage à l’université – permet de lisser ces angles râpeux : l’intégration n’est pas loin...