La dernière course

Elisabeth vit en Alaska, au milieu des tempêtes de neige et de ses chiens de traîneau. Nous sommes en 1914, la guerre éclate en Europe. Un ancien trappeur français a l'idée de faire venir des chiens du Grand Nord dans les Vosges afin de ravitailler plus facilement les soldats au front. Avec quelques amis, Elisabeth, bien que femme, va faire partie du voyage des 440 bêtes, et même les accompagner sur les lieux de combats.

On ne le dira jamais assez tant l'entreprise semble folle : c'est une histoire vraie – Alain Grousset en a présenté d'autres dans Bêtes de guerre (Flammarion, 2014). Elisabeth, que nous suivons dans ses déplacements et ses émotions, aurait pu exister, femme forte de son temps qui reflète l'émancipation des épouses de soldats pendant le conflit. Extrêmement bien documenté, le gros roman nous fait comprendre de l'intérieur les relations apaisées, fines, des chiens et de leurs maîtres, tout le reste n'étant qu'accidents, bruit et fureur.
Certes, il vaut mieux aimer les animaux et la nature pour apprécier les multiples et sensibles descriptions. Mais les aventures, les rebondissements de cet incroyable périple suffisent à eux seuls pour soutenir l'attention, portés par un narrateur externe centré sur Elisabeth et une écriture plus qu'impeccable. L'armée française de 1917 est relativement égratignée, un jeune combattant allemand présenté comme une victime, sans que le lecteur hésite un instant quant à sa prise de position : les vrais gagnants de cette guerre, ce sont les chiens, fidèles et loyaux. Tout sauf des hommes, donc...

Une réussite à découvrir sans tarder, dès 13/14 ans.