Les mots de Mo'

Mona (Mo’) découvre l’écrit, et avec lui toutes ses difficultés qui se traduisent en particulier en dictée. Elle revient à la maison, défaite, avec un zéro. Cette expérience banale et douloureuse de l’apprentissage qu’on ne parvient pas à maîtriser est vécue par la jeune héroïne comme une mise en cause personnelle puisqu’on lui parle de (mauvaise) volonté, d’inattention, (de manque) d’efforts. Ces reproches qui la stigmatisent lui importent car ils viennent du maître et de ses parents. Anne Loyer et Arnaud Nebbache montrent rapidement les dynamiques en jeu. Au sein de la classe, il y a ceux qui savent et ceux qui peinent ; à la maison, il y a les parents qui exigent et des enfants qui déçoivent. Savoir qu’elle est dyslexique ne l’apaise pas. Elle vit cela comme une exclusion et une stigmatisation.

Face à ce tourment, ce petit roman a pour vocation d’apaiser les tensions, d’ouvrir un chemin. Manuel (le copain de classe) et Mamounette (la grand-mère) sont les intercesseurs entre Mo’ et les adultes, Mo’ et l’écrit. Ce sont eux qui permettent à la fillette d’exprimer son domaine d’excellence, le dessin, et d’opérer le passage à l’écrit sous forme d’un dictionnaire dessiné.

Le dénouement heureux et la simplicité de la solution offrent une réponse facile à ce que vit dans la souffrance Mo’. C’est un peu miraculeux, mais le personnage de Mo’ est bien campé. On partage sa difficulté et on se réjouit de ses succès. Un roman pour jeunes lecteurs qui peut servir de médiation pour parler de l’école, des problèmes liés à l’apprentissage et des relations avec les adultes. Cela peut être salutaire pour tous, enfants et adultes.