Ma mère a refusé que quiconque écrive sur nos corps

Dans cet ouvrage qui peut se lire à la fois en français et en arabe, Mustapha Benfodil et Hanine Amine abordent les séquelles de la violence humaine dans leurs poèmes. 

Dans « Débris », nous découvrons des fragments d’objets, de rues et de musique ainsi que des morceaux de soleil et d’étoiles qui font écho à la destruction matérielle mais aussi à la destruction culturelle et spirituelle. La forme même du poème (jeu dans la mise en page, intégration d'arabe dans le texte en français et inversement, peinture évoquant la déchirure et le collage) fait penser à l'éclatement, à la brisure.

Dans « Ma mère a refusé que quiconque écrive sur nos corps », nous sommes témoins de l’histoire d’une mère qui écrit sur le corps de ses enfants pour que, malgré la fatalité de leur mort, ils puissent être rassemblés grâce aux indices d’identification : âge, groupe sanguin, et noms. Le corps devient alors un symbole de résistance et d’amour pour cette mère qui refuse que sa famille ne soit que débris. 

Marquées par des fragments de corps, de silhouettes sans visages et de ce qui semble être des morceaux de scotch, les illustrations de Thomas Azuélos accompagnent de façon sensible et ingénieuse l’histoire que racontent les poèmes en rappelant la fragilité et complexité de se reconstruire. 

Des vers marquants qui restent en suspens - « Ils nous rassembleront, même si nous sommes déchiquetés » - et un constat dévastateur, tout en poésie, de ce qui est devenu « une journée ordinaire à Gaza ».