Ma raison de vivre

Emma a une vie double et réglée au millimètre près. Au lycée, elle est l'élève parfaite, effacée, amie avec une seule personne, la pétulante Sara. A la maison, elle n'est pas chez elle, orpheline de père maltraitée par sa tante. Elle cache humiliations et coups afin de préserver les enfants de celle qui fait de sa vie un enfer. Arrive le bel Evan, sa curiosité bienveillante, son amour sincère. Il attend qu'Emma s'intéresse à lui, et sans le vouloir, il détruit son bel équilibre...

Le sujet est difficile, traité avec parcimonie dans les romans pour adolescents. Sarah Dessen, auteure sensible et pudique, en aurait fait une belle histoire réaliste, sachant osciller entre les difficultés sordides de l'héroïne et sa volonté de s'émanciper, de vivre sa jeunesse comme les autres. Rebecca Donovan commence bien, d'ailleurs, et le lecteur plonge d'emblée dans ce récit en « je » d'Emma (qui s'appelle aussi Emily, signe supplémentaire d'une existence morcelée). Malheureusement, qu'Evan soit trop beau ou Sara trop frivole, on sombre vite dans une suite de sorties nocturnes bien sûr interdites à Emma, et dans un chassé-croisé amoureux (s'embrasseront-ils ou pas ?) qui ressemble à n'importe quel autre roman sentimental. La toute fin est par contre beaucoup plus intéressante, effrayante et ouverte, point d'interrogation plein d'espoir mais complètement ambigü. Alors, à lire ou pas ? Soyons indulgents, la thématique en vaut la peine.