Moi le loup et la cabane

Sur son lit, le narrateur lit un livre savant sur les loups : on les dit, grands prédateurs. A ses côtés, un loup croque des bonbons. Le ton est donné, Delphine Perret joue sur les décalages. On se régale de retrouver Bernard (le loup) et son ami, couple tout à fait hors du commun. Le loup est le confident, le conseiller, le complice, l’interlocuteur du petit garçon qui supporte comme il peut l’école, ses parents, etc. Dans cet épisode, toute la famille va à la campagne. C’est une grande découverte pour le loup qui voyage enfermé dans une valise et apprécie peu d’être mordu par un papillon, c’est ce qu’il prétend. Ensemble, les deux amis décident de construire une cabane. Une grande cabane, bien sûr ! C’est plus facile à dire qu’à faire. Il y a de nombreuses possibilités qu’on découvre avec bonheur parce que les héros dans leur naïveté et leur mauvaise foi jouent, trichent, se débrouillent avec le réel comme ils peuvent. Quand l’opportunité se présente d’emménager dans une vraie cabane, installée dans un arbre, l’occasion est trop belle pour renoncer à « l’emprunter ». Lorsqu’arrive « une vieille » autrement dit, une adulte, la légitime propriétaire, le tête-à-tête s’ouvre aux autres, dans la réciprocité des jeux et des cadeaux : elle montre sa collection de scarabées, ils donnent des Mababar.

Cet album de Delphine Perret conserve la même fantaisie malicieuse dans ce dessin crayonné qui ressemble à une BD. Elle observe avec une grande tendresse l’univers de l’enfance, sa capacité d’invention et développe une vision des relations avec le monde adulte bienveillante. Une réussite confirmée.