Mon papa ce géant

Etre le fils d’un géant, cela peut paraître banal si l’on est géant soi-même. Mais c’est bien différent et effrayant, si l’on est un petit garçon, comme Benjamin, de taille normale. Avoir un papa « cinq fois grand comme un être humain », être obligé « d’habiter une maison sur mesure, haute comme un gratte-ciel », ne pas avoir d’amis (trop intimidés par le géant), trembler de peur à tout instant de peur d’être écrasé ou croqué…rend la vie du petit garçon bien étrange et difficile. Cependant personne ne se pose trop de questions... jusqu’au jour où, Giganton, le papa de Benjamin, prend conscience des sentiments de crainte qu’il provoque chez son fils. Désespéré, Giganton ne mange plus, ne parle plus, se laisse mourir à petit feu. Un événement qui va faire changer le regard de Benjamin et aussi de tous les autres. Les défauts vont se transformer en qualités. C’est ainsi que Benjamin se met à faire « de la lutte contre le petit doigt de Giganton, de l’escalade sur son visage et même du trampoline sur son ventre. » Cette histoire tendre signée Michel Piquemal nous offre un géant au cœur sensible, une douleur permanente dans la poitrine, et un petit garçon pas méchant qui a du mal à trouver sa place dans cette famille un peu bizarre. Ceci dit, Benjamin a surtout du mal à ouvrir son cœur et à faire confiance à Giganton, ce géant différent de tous les autres papas. Les illustrations de cet album sont à la hauteur du texte. Elles retiennent l’attention et rendent bien l’univers créé par Michel Piquemal. Vues en contre-plongée pour faire ressortir la taille impressionnante du géant, ombres sur les murs et le sol pour évoquer la taille du personnage et la peur qu’il engendre…Tout concourt à rendre cet album sympathique. Un petit regret tout de même : la présence trop effacée de la mère qui a un rôle bien mineur dans cette histoire.