Mouton

Des boucles en cascade, une chevelure indomptable. Comment apprivoiser ce « mouton sur la tête » lorsque l'on est une petite fille ? Coiffeur, chapeaux et turbans ne feront pas taire l’animal bêlant. Et au fil de l’album, l’enfant accepte ses cheveux en folie qui font pleinement partie de son identité.

Zeina Abirached, auteure libanaise, livre un œuvre personnelle et délicate centrée sur ses souvenirs d’enfance à Beyrouth, pendant la guerre civile. Dans Mouton, le Liban n’est pas évoqué, mais la figure de la mère et le thème de l’enfance établissent un lien avec ses ouvrages précédents (Mourir, partir, revenir, le jeu des hirondelles et Je me souviens-Beyrouth, Cambourakis) et surtout, on retrouve le trait caractéristique de l’artiste. Un travail centré sur le noir et blanc, des formes géométriques et un sens affirmé du graphisme. Dans son premier titre pour la jeunesse, elle ajoute des éléments de couleur dans les tissus et les textes tout en adaptant les codes du roman graphique. Chaque page est travaillée comme une case et la narration flirte avec le 9ème art. En outre, Mouton reprend la trame d’un court métrage d’animation réalisé par Zeina Abirached durant ses études aux Arts Décoratifs de Paris et sélectionné dans de nombreux festivals internationaux. Enfin, cet album a inauguré les premières publications jeunesse des éditions Cambourakis, remarquées pour ses titres en bandes dessinée et en littérature étrangère. La « filiation » entre Zeina Abirached et Marjane Sartrapi (Persepolis, L’Association) est souvent énoncée par les critiques. Bien que ce rapprochement soit évident, il faut aussi se pencher sur l’un des auteurs qui a nourri le travail de cette jeune artiste, David B. et sa remarquée autobiographie dessinée, L’Ascension du Haut Mal. Outre la dimension cathartique, les deux auteurs partagent un même attrait pour l’enfance et la nécessité de dire l’essentiel dans l’usage du noir et blanc.