Ne le dis à personne

« Quand vos parents vous annoncent qu’ils divorcent, c’est comme être fauché en plein sprint. »

C’est en tous les cas ce qu’a ressenti Théo, lorsque ses parents lui ont annoncé qu’ils se séparaient. Après la surprise sont apparues l’incompréhension et un immense chagrin : le jeune garçon âgé de 12 ans, plutôt que de voir la réalité en face, préfère s’installer dans le déni et se persuader que rien ne peut ébranler les quatre membres de sa famille que forment Gilles, Alice, sa petite sœur Lucie et lui. Une visite furtive dans le nouvel appartement où logera désormais son père finira de désillusionner Théo, lequel prend conscience que la cellule familiale a éclaté. L’adolescent trouve dès lors une stabilité toute relative chez ses grands-parents jusqu’à ce qu’il apprenne, de manière très brutale, au cours d’une conversation qu’il épie, que son père les quitte pour vivre avec un homme ! Théo doit non seulement faire face à sa tristesse, mais également aux insultes et brimades dans la cour d’école. Or comment lever la tête et se défendre quand on a perdu ses repères et qu’on semble abandonné de tous ?

Avec ce roman intitulé Ne le dis à personne, Josette Chicheportiche aborde un sujet de société souvent traité en littérature jeunesse et l’on craint, avant même d’avoir ouvert le livre, d’avoir affaire à un poncif. Ces craintes cependant disparaissent dès les premières pages du roman où une syntaxe travaillée ainsi qu’un vocabulaire toujours très bien choisi, simple et percutant, révèlent la sensibilité du personnage principal. L’on suit ainsi le parcours initiatique de Théo, que la séparation de ses parents extrait inexorablement du monde de l’enfance pour le propulser dans celui des adultes où discorde et discrimination font loi.

Il y a fort à parier que ce court roman au format poche attrayant touchera le lecteur par sa justesse de ton et l’actualité du propos.