Rien que ta peau

Ludivine, dix-sept ans, habite avec ses parents en pleine campagne. On la dit un peu lente, elle est obsédée par les couleurs des habits. Un jour, elle rencontre Mathis, daltonien. Les deux vont se comprendre, s’aimer contre les parents de Ludivine qui n’ont pas vu leur fille grandir.
L’histoire est simplissime, triste, avec une fin ouverte que l’on interprétera tournée vers un espoir ou non. L’originalité et la beauté de ce court roman résident dans son écriture : Cathy Ytak a merveilleusement su se couler dans le principe de la collection, celui du texte à lire à voix haute. La narratrice Ludivine n’a rien d’une handicapée mentale. C’est une hyper-sensible, qui vit dans ses pensées, voit le monde sous l’angle de la nature et des émotions. En un long retour en arrière, elle parle à Mathis, se rappelle sa rencontre avec lui, le développement de leur relation secrète jusqu’au drame présent. Elle utilise des phrases courtes ou très ponctuées, découpe les événements en menus faits, n’oublie pas les détails les plus triviaux. La langue glisse souvent en dialogues reconstitués dans la tête de la jeune fille, rendant les scènes d’autant plus vivantes. Les mots pour dire l’amour sont crus, réalistes : l’innocente Ludivine ne connaît pas de malice, au contraire de ses intolérants parents. Un texte troublant, intimiste, qui touchera plus d’un lecteur.