Roberto & Gélatine. Une grande histoire pour les grands

On ne se lassera pas de lire et relire cette jolie histoire qui décrit la relation entre Roberto, un grand frère et sa petite sœur Gélatine. Le premier s’isole, dans sa rêverie, sa création, puisqu’il écrit un roman, mais Gélatine entreprend de le convaincre de lui lire une histoire. Roberto croit s’en tirer en passant un marché : l’histoire contre la paix, mais c’est sans compter sur la ténacité toute enfantine, l’acharnement tendre de la petite. Contre l'indifférence affichée de son frère, Gélatine va se lancer dans une aventure vengeresse, où elle va finir par sauver son pauvre frère métamorphosé en cadeau (c’est le monde à l’envers, ça ne s’invente pas), et enlevé par un Zorgleu tout noir et tout en jambes !

Le texte et l’illustration sont indissociables, co-créateurs de l’histoire. L’affection de Gélatine, gamine rousse en robe rayée, aux faux airs de Fifi, un peu collante mais très aimante, enchante le lecteur ; d’autant plus que ses mines coquines, souvent soulignées par un mouvement de sourcils, et ses contorsions variées, sont très réalistes et ne manqueront pas de renvoyer le lecteur à une expérience personnelle. La justesse de l'attitude du grand frère, le regard interrogateur derrière ses lunettes et le cheveu noir en pétard, facilite également l’identification. Le minimalisme du trait au crayon de couleur s’accorde avec un texte très audible. En effet, comme on regarde les vignettes, on entend véritablement la petite voix de Gélatine : « Obê’to ! ». De même, on perçoit la lassitude dans les répliques de son grand frère. L’usage multiple du doudou, sorte de grand singe dégingandé, qui n’est pas sans rappeler un célèbre personnage de la presse pour les tout-petits, n’est pas un des moindres plaisirs de cette histoire ! L’ensemble rayonne de tendresse.

Une réussite.