Si tu regardes longtemps la terre

Poète, romancier, auteur de nombreux recueils et de pièces de théâtre, directeur artistique du Printemps des poètes pendant plus de 15 ans, Jean-Pierre Siméon prête sa plume aux éditions Rue de monde (il avait déjà publié en 2022 chez le même éditeur L’arbre m’a dit avec les illustrations de Zaü) pour composer cette belle symphonie de mots en hommage à l’humain et à la terre. Les textes sont accompagnés des superbes paysages de Laurent Corvaisier ; peintures au passage photographiées avec soin par Françoise Stijepovic, malheureusement décédée avant la parution de l’ouvrage. L’artiste peintre et illustrateur est également un habitué des éditions Rue du monde (avec d’ailleurs une autre sortie programmée en 2025 sur des poèmes de Paul Eluard : La terre est bleue comme une orange). Tirant parti ici d’un format à l’italienne, Laurent Corvaisier, lui-même grand voyageur, nous embarque dès la première page dans son monde de couleurs éclatantes et de montagnes qui tombent dans la mer, une nature réinventée à la manière d’un vitrail. Son trait libre et expressif emmène le regard loin tandis que les mots du poète infusent. « Le silence est malheureux. Plus personne ne l’écoute », « En cherchant bien, on trouve toujours une prairie en fleurs dans sa mémoire », « Il est bien dur d’oreille celui qui n’entend pas le chant du coquelicot », « Il faudrait inventer une gomme à effacer le bruit », « On n’est jamais trop petit pour dessiner une montagne ».

Les pages sont parsemées de phrases douces, ensoleillées, fragments de poèmes à méditer sur les beautés de la nature, qui nous invitent à prendre le temps de « regarder longtemps la terre », et cela fait du bien. Un coup de cœur donc pour ce bel objet à la tonalité joyeuse, autour duquel parents et enfants pourront se retrouver.