Viens chez nous en Guyane

Tirer des portraits de familles pour donner à voir leurs vies et les rapprocher du lecteur, tel est le parti pris de Pascale Bougeault dans cet album documentaire au titre engageant, Viens chez nous en Guyane.

Elle va jouer le rôle de dessinatrice, ethnologue et linguiste, puisque chaque double-page présente, dans son domicile, une famille entourée d’objets particuliers, nommés en français et en langues diverses (espagnol, arabe, langue asiatique) ou créole. Elle cumule donc les savoir-faire de l’imagier et ceux du récit de vie.

À gauche, les objets du quotidien renseignent sur un mode de vie tout en suggestions. Ainsi, pourquoi des savates, un ventilateur et cette lampe calebasse…? À droite, la famille réunie et croquée par le dessin donne la parole à Rosia, la maman de deux filles, ou à Loris-Enzo, le garçon, reconnaissable à ses locks. À chaque fois, le lecteur doit identifier qui parle et quelle position il a dans la famille et sur le dessin. Grâce à la traduction située dessous, on peut s’amuser à repérer des mots. Sans insister, Pascale Bougeault nous fait rencontrer une société plurielle, avec des couleurs et des situations différentes. Les intérieurs ou la composition des familles font ressortir autant les différences, que les similitudes : un chien, une cuisine ou un salon, des tables, des chaises, des instruments de musique ou autres loisirs.

Un portrait sympathique et chaleureux d’une vie lointaine, présentée comme familière et même universelle. On peut regretter de ne rien savoir des problèmes réels de ce territoire en matière d’environnement, surexploitation de la forêt et chercheurs d’or, d'écarts sociaux entre les natifs et les métropolitains. Mais cette vision paisible et sensible existe aussi. Cet album documentaire offre un regard riche, finement coloré, dessiné ; un monde proche ou lointain selon le point de vue adopté.