La vie de l'unique, l'étonnante, la spectaculaire, la miraculeuse Lara Schmitt (T. 2). Dans l'attente d'un miracle

Lara, qui se surnomme elle-même Râla ou Râlette, habite désormais avec sa mère Klara Château-Plastique, dans un appartement moche, tandis que son père est resté au duché de Râlbanie, une jolie maison. Et « l’homme » a même le toupet de se mettre en couple avec une jeune femme, que Râla fait surveiller par ses anciens amis du quartier. Mais ce n’est pas le seul problème de la petite fille, confrontée à la maladie de sa mère. Une grande partie de ses râles et de ses pleurs provient en effet de la détresse qu’elle éprouve à voir Klara ne plus pouvoir subvenir à ses besoins. Dans toute cette agitation, l’héroïne et narratrice se raccroche à Ludmilla la dame de ménage, à son ami Lars (qui vit dans un foyer et remet régulièrement Lara à sa place), au chien de refuge Greg, et au colonel Raclette, son grand-père.

Même si clairement aimée par ses deux parents, Lara n’est pas particulièrement chanceuse au regard de la courte durée de son existence… Elle compense ses malheurs par une énergie spectaculaire et une créativité débridée. Bien que parfaitement ancré dans la réalité, son monde est donc refait à sa façon, et à la façon d’une mère qu’on devine elle aussi assez originale. Très sensible, la petite fille fait passer ses émotions à travers des artefacts étranges, tels cette vieille peluche de zèbre, ces lettres échangées autrefois entre ses parents, etc. Généreux et comiques, les autres personnages sont à l’avenant, et l’événement filé de la glace pétillante transformé en micro-entreprise ne manque par exemple pas d’humour (voir d’ailleurs la recette, plutôt simple). Ponctué de dessins et d’explications manuscrites, le roman détonne heureusement, au milieu d’une production formatée qui différencie clairement le genre du journal intime de fille de celui du roman dramatique. Ici, tout est vécu dans le même temps, le petit grain de folie en plus. Reste à cette drôle de série à trouver son public.