Que deviennent les enfants quand la nuit tombe ?

Deux époques, 2012 et 1966. Deux lieux : un hameau, Le Val Brûlé, près de Sponge (la petite ville de nombreux romans de Nozière), et une petite île de l’océan Indien. Deux narrateurs : Bertille, 16 ans, et Ylisse, un vieil homme, qui raconte son enfance. Deux histoires qui avancent en parallèle, en chapitres alternés, avant de se rejoindre. Deux histoires à la vie à la mort.
2012 : Bertille Squalo et ses parents vivent au Val Brûlé depuis deux ans. Ils ont racheté une vieille ferme et l’ont retapée. Lorsque le père de Bertille entame la restauration de la grange, Bertille qui l’assiste, fait une découverte macabre. Elle déterre un crâne humain et une pierre verte, une olivine, qu’elle adopte comme bijou. L’enquête effectuée par les gendarmes de Sponge se clôt rapidement : le crâne a été enterré là il y a plus de quarante ans. Il y a prescription. Mais les Squalo père et fille, voulant ouvrir une agence de détectives privés, poursuivent leurs investigations.
1966 : Anélie et Ylisse sont deux enfants de l’océan Indien. Ils vivent sur l’île de Maloya, où leur existence quotidienne, malgré le soleil, est très difficile. Pas de travail pour leurs familles, pas d’argent, l’école de temps en temps. Dès leur première rencontre, ils deviennent amis et se jurent de ne jamais se quitter. Anélie a du caractère et ne se laisse jamais démonter. Ylisse, réputé violent, donnerait sa vie pour cette belle fillette à la peau de caramel. Ensemble, ils seront arrachés à leur île et emmenés en métropole. Là-bas, si loin de chez eux, on les appelle les « nègres » …

Jean-Paul Nozière nous offre une fois de plus un roman sensible à deux voix, dont l’agencement et l’écriture sont parfaitement maitrisés. Il met en scène des personnages singuliers, qui n’entrent pas dans les moules sociaux. La famille Squalo vit en presque autarcie dans son hameau perdu, Bertille ne va plus au lycée, ce que ses parents acceptent sans problème. Ils ne se soucient guère de ce que pensent les voisins et savent préserver leur liberté. Anélie et Ylisse, confrontés à la violence, au déracinement et à la bêtise, trouvent en eux et à l’attachement qu’ils éprouvent l’un pour l’autre, la force de se battre.
Une dénonciation efficace du conformisme et du racisme et une belle leçon de vie.