Mon ami, une aventure de géant gris

Géant gris, assis au milieu des arbres gris dans son pays gris, dépasse tout ce qui l’entoure ! Sur la page de garde, il s’ennuie, il « finit toujours par trouver le temps long ». A la dernière page, heureux, allongé « il peut s’adonner à sa grande occupation : s’ennuyer jusqu’à trouver le temps long ». Entre les deux, une aventure de géant gris qui veut se faire un ami et part à la rencontre du soleil jaune. En chemin, il se heurte à Baryum, le nain jaune, aussi rond que géant gris est long. A eux deux, ils vont chercher le soleil, du moins, c’est ce que croit géant gris sans compter sur la duplicité de Baryum, farceur et menteur. La quête n’aboutit pas, peut- on vraiment atteindre le soleil ?

Le récit est construit sobrement, la structure : ouverture et fermeture du texte sur le temps et la solitude ; le personnage lunaire à la Jacques Tati, encombré par sa grandeur qui passe repasse, furète ici et là, laisse présumer une série sur la couleur. Gaëtan Dorémus met au service de sa narration une technique fluide : teintes pastel sur feuille blanche, excepté les jaunes éclatants de Baryum et du soleil, beaucoup d’espace et de lumière, une utilisation de la hachure dans la fabrication du paysage des personnages. Tout cela engendre un sentiment de sérénité. Un style un peu enfantin colle au géant gris et lui donne un côté naïf, un peu bêta, pourtant le personnage est attachant avec son regard interrogatif et ses grandes oreilles. La suite de la série devrait confirmer ces impressions.