Le cavalier bleu

Deux couleurs dominent cette histoire : le noir du désespoir et du drame, et le bleu sombre des dernières traces de la nuit. C’est dans un drap bleu qu’est abandonné un bébé placé au pied d’un château. Recueilli par la femme du seigneur, cet enfant va devenir le Cavalier bleu, celui que l’on craint, qui donne le frisson et déracine les arbres. C’est un malheureux qui fuit des chasseurs le traquant sans relâche. Sa seule faute, c’est d’avoir troublé une cérémonie de mariage, d’être tombé amoureux d’une jeune fille promise à un autre. Tout d’abord enchaîné au fond d’un cachot, c’est la future mariée au cœur et aux gestes tendres qui va le délivrer. Depuis c’est la fuite. Le Cavalier bleu est devenu un personnage de légende, le héros d’une histoire qui effraie mais captive les enfants. Lorsque le vent souffle et les volets claquent, les tout-petits se recroquevillent dans leur lit. Abandon, amour maternel, relations bêtes/hommes et père/fils, puissance, gloire, cruauté et compassion se mêlent dans cette histoire magnifiquement illustrée. Pour chaque scène, les éléments sont judicieusement orchestrés, narrant plus de choses qu’un simple fait. Delphine Jacquot propose des chassés-croisés et fait émerger des associations étonnantes. C’est aussi complexe que réussi.