Les Mémoires de Satan : nouveaux contes loufoques

Le fil conducteur de ces contes est la réhabilitation de Satan, qui peut enfin nous confier toute la vérité à propos de la création de l’Univers : Dieu s’ennuyait, il a créé les hommes pour se divertir, puis son jouet l’a lassé et il nous a laissés avec nos contradictions et nos guerres. Satan a fait tout ce qu’il a pu pour empêcher ce désastre, mais Dieu n’a rien voulu savoir ! Au Jour du Jugement Dernier, ce dernier est bien embêté pour décider de la place de chacun… Entre-temps, les hommes continuent à vivre, ce qui donne lieu à quelques autres récits grinçants et jouissifs : une mère contracte une assurance anti-Père Noël pour son fils, le football se jouerait mieux sans ballon, Christophe Colomb a fait les frais d’une Terre qui n’est finalement pas ronde…

Après Le Génie de l’Aubergine et autres contes loufoques, Pierre Cormon récidive, s’attaquant carrément à la création du monde, un thème classique des contes et légendes. Il le dynamite complètement, réécrivant la Genèse de manière irrévérencieuse, ce qui ne laissera pas d’en choquer certains mais plaira à tous les autres. Délicieusement subversif, le ton est clairement donné, sans cesse rappelé dans ces histoires pour les plus grands. Elles jouent non seulement avec les codes formels du conte, mais aussi et surtout avec les valeurs de nos sociétés occidentales marquées, qu’elles le veuillent ou non, par le christianisme : Dieu a un langage presque vulgaire, les anges ne renient pas les plaisirs charnels, les mourants peuvent se gérer comme de simples marchandises… La surenchère annule le propos, Pierre Cormon navigue sur la ligne fine de l’ironie. Les illustrations de Claire Gourdin, fines, dans de belles couleurs sur un fond blanc, sont de la même eau : on les croirait inoffensives, elles sont délirantes, et agrémentent de leur piment ces merveilleux contes loufoques !

A noter : Pierre Cormon reçoit volontiers des lettres d’admiratrices (quatrième de couverture). Dépêchez-vous !