Pour vivre

Il s’agit du premier livre de poésie pour adolescents chez La Martinière, et l’essai est réussi.
Les illustrations de Catherine Louis – géométries et symétries, coupages bruts de papier et larges aplats aux teintes soit sombres, soit chaudes - et les textes de Bernard Friot s’entremêlent pour former des « presque poèmes ». La parole jaillit du dessin pour exprimer des émotions fortes et brusques, heureuses ou désespérées, hésitantes ou radicales, l’adolescence enfin… Le travail des deux auteurs est absolument indissociable et on ne saurait dire qui des deux s’adapte à l’autre au fil des pages (aucun, peut-être). Un texte se comprend sur une double-page ou plusieurs, l’ouvrage peut se lire du début à la fin, mais rien n’interdit de l’ouvrir au hasard et de papillonner dans la lecture.

L’œuvre est de qualité certaine mais d’abord difficile pour les lecteurs les moins aguerris. C’est avec de tels livres que le rôle de l’adulte qui conseille et aide prend sa dimension, car Pour Vivre le mérite. Personnellement, j’imaginerais facilement des passages étudiés dans une classe de Français, au collège ou au lycée.

Ajoutons que l’objet est d’aspect et de toucher agréable : couverture en carton brut, ruban de tissu pour fermer (toute une symbolique de journal intime), papier doux, grand format. Un petit extrait pour finir, qui perd malheureusement de sa saveur quand on ne voit pas la disposition sur la page et le jeu avec l’illustration :

« Aimer midinette ou roméo

Traviata ou hidalgo

Aimer à mains ouvertes

Et à regard troublé

Aimer sans fin

Même après la défaite ».