3000 façons de dire je t'aime
L'avis de Ricochet
Chloé, Bastien et Neville, d’origine sociale différente, se sont rencontrés en 5ème au collège. Chloé est fille d’enseignants, sage et travailleuse, Bastien fils d’épicier, extraverti, nourri aux « films marrants », Neville vit seul avec sa mère célibataire, femme de ménage bavarde et trop épuisée pour suivre ce que fait son garçon. Cette année-là, ils vont pour la première fois au théâtre voir Dom Juan avec leur professeure de français, la célèbre madame Plantié.
L’année suivante, ils se retrouvent au club théâtre, animé tant bien que mal par la même madame Plantié, pour jouer Roméo et Juliette. Entreprise ô combien périlleuse pour des collégiens de tous horizons, peu familiers de la langue de Shakespeare, même traduite en français. Chloé joue la mère de Juliette, Neville, le beau gosse « quelque part entre George Clooney et Colin Firth », incarne Roméo tandis que Bastien se contente d’être la nourrice de Juliette « avec une perruque à ma mère et des pamplemousses dans un soutif ».
Malgré ces débuts incertains, ces trois-là vont comprendre la magie et l’exigence du théâtre et quelques façons de dire « je t’aime », sur la scène et dans la vie. Ils se perdent de vue quelques années et se retrouvent plus tard, au conservatoire de leur ville. Désormais, ils ne se quittent plus. Sous la direction de Jeanson, un vieux professeur exigeant, ils endossent les rôles du répertoire classique, caressent l’espoir d’être un jour admis au conservatoire de Paris, et poursuivent leur vie de jeunes gens. Chloé est en prépa littéraire, Bastien en fac de droit, Neville vit de petits trafics. Durant cette année décisive et intense, ils apprennent à mieux se connaître, à incarner d’autres personnages pour se trouver eux-mêmes, ils se confrontent à la scène, au trac, au texte, à la métrique et à l’amour. Car c’est aussi pour le trio qu’ils forment le temps des premiers vrais émois, des regards qui s’échangent, des corps qui se cherchent et des mots qu’on ne sait pas dire.
Marie-Aude Murail explore finement ce temps délicat de l’adolescence, du sentiment amoureux et de la passion qui permet de tracer son chemin, dans ce roman initiatique admirablement bien écrit, bien construit et dialogué.
Elle alterne l’utilisation d’une première personne du pluriel, « nous », avec une plus classique 3ème personne, qui permet au narrateur (dont on découvre l’identité dans les dernières lignes), de prendre une distance nécessaire pour mener à bien son récit. Elle nourrit son texte de sa passion pour la littérature classique, par de nombreuses citations extraites de pièces et de poèmes, convoquant ainsi Musset, Apollinaire, Nerval, Cendrars, Hugo, Ibsen et d’autres grands. Elle nous offre aussi des titres chapitres devinettes dont les références nous sont données en fin d’ouvrage.
Elle rend enfin hommage aux professeurs qui savent, parfois à leur insu, semer des graines et inoculer des virus salutaires à leurs élèves. Elle signe là un grand livre, qu’adolescents et adultes auront plaisir à partager, un livre qui donne envie de vivre, de jouer, de se trouver.
Présentation par l'éditeur
Chloé, Bastien et Neville ont eu en cinquième une professeure de français qui n’aimait que les livres qui finissent mal. Un soir, elle les a emmenés pour la première fois au théâtre voir une représentation de Dom Juan de Molière. Cette soirée a changé leur vie. C’est décidé, ils seront comédiens ! Six ans plus tard, leur désir de monter sur scène est intact et ils se retrouvent au conservatoire d