Apitoxine

A l'été 2020, au sortir du confinement, la narratrice Gwendoline traîne son mal-être adolescent. Sa mère l'envoie tout l'été chez ses grands-parents à la campagne. Elle ne connaît personne et découvre la jeunesse en ruralité avec sa cousine Maëlle, passionnée d'apiculture. Maëlle lui présente ses amis, lui fait découvrir les bals du village et les cueillettes au potager. Au fond d'une grange, les filles trouvent un téléphone portable arrêté en 2003 et qui contient des messages inquiétants à propos d'un meurtre. Gwendoline se pique de retrouver les protagonistes de la soit-disant affaire, aujourd'hui trentenaires. Elle ne se doute pas qu'elle va toucher à des secrets sensibles, ceux des autres mais aussi ceux de sa propre famille... Les révélations lui donneront in fine un nouvel élan mais non sans heurts.

Mélody Gornet n'aime pas la facilité, et cela se manifeste aussi bien dans l'intrigue du roman que dans les personnages. La complexité, surtout à travers le temps, court le risque de se mêler avec l'invraisemblance, mais le lecteur reste happé de bout en bout par la psyché trébuchante de Gwendoline. Cette dernière passe de lâcher-prise en retour sur soi, de tendresse en dureté... tandis que l'histoire oscille entre ce que nous saurons et ce qui restera tu parce que chacun a droit à ses choix. J'ai beaucoup aimé cette façon contournée, souvent torturée, de traiter la fiction. Apitoxine, le nom du venin d'abeille, est un titre qui convient parfaitement : pas forcément mortel mais a minima très douloureux !