Dans la tête d'Albert

Couché par terre, le chien d'Albert guette son chant favori du matin. Lorsque le canari du voisin pousse son premier gazouillis, il sait que sa gamelle va tantôt se remplir de croquettes. Mais voilà que ce jour-là, son maître préfère rester dans les bras de Morphée plutôt que de se lever. Après bien des efforts, Albert parvient à se hisser jusqu'à la table du petit déjeuner. Puis, avec sa tête de déterré, il reste assis des heures, perdu dans ses pensées. Son chien, pour faire ses besoins, utilise alors les grands moyens. Une fois dehors, Albert, au guidon de son deux-roues, se laisse tirer par son toutou. Après une pause bien méritée chez Jano, les deux comparses prennent la direction du zoo. Assis sur un banc à côté d'une jolie fille, Albert n'ose toujours pas faire le premier pas. Ce qui a l'art d'exaspérer son compagnon à quatre pattes qui, décidément, a du mal à cerner son maître.

L'intérêt de ce récit réside dans l'alternance des points de vue entre un chien et son maître. Si le premier a les pattes bien sur terre et semble avoir envie de mordre la vie à pleines dents, le second, semble, lui, plutôt mal dans ses baskets… Pourquoi un tel casting (un antihéros coincé et déprimé) pour un album jeunesse?... Annie Agopian se perd (à mon goût un peu trop) dans le labyrinthe de la pensée humaine. A vouloir trop en dire, il en ressort une cacophonie émotionnelle un brin étouffante. Les remarques judicieuses et drôles de l'animal sauvent cet album sur la psyché humaine qui s'adresse davantage aux adultes qu'aux enfants.