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Date de publication
Age-cible

J'ai vu un magnifique oiseau

Lydia Waleryszak
Album
à partir de 6 ans
: 9782226451231
14.50
euros

L'avis de Ricochet

La couverture de J’ai vu un magnifique oiseau montre, au premier plan, le ciel partiellement dissimulé par des feuillages verts. Entre les arbres et les nuages de l’arrière-plan, le lecteur peut apercevoir, en contre-plongée, la silhouette noire et menaçante d’un avion. Cette couverture nous fait immédiatement penser à un cahier d’écolier : la typographie du titre rappelle l’écriture au crayon rouge d’un élève appliqué. L’avion représenté fait quant à lui l’analogie avec le « magnifique oiseau » évoqué dans le titre de l’album, tout en dessinant un contraste fort entre l’apparente formule banale et positive d’« un magnifique oiseau » et la forme inquiétante de l’avion planant au-dessus de notre tête comme un rapace. Sur la couverture, le nom de l’auteur aux consonances slaves et l’année « 1939 » esquissée par la main d’un enfant ramènent irrémédiablement le lecteur à l’Histoire avec un grand H. La quatrième de couverture vient également appuyer cet aspect, puisqu’on y apprend que le texte est « traduit du polonais […] ». Dès lors, on comprend que l’avion représenté est sans doute un engin de la Deuxième Guerre mondiale.

La quatrième de couverture nous apprend que ce livre est en réalité un cahier dans lequel Michal Skibiński, enfant, rédigeait une phrase par jour comme devoir de vacances afin d’améliorer son orthographe. Ainsi, le lecteur découvre dans cet album une phrase par jour du 15 juillet 1939 au 14 septembre 1939. Par exemple, la phrase datée du 26 juillet 1939 indique : « Un avion a fait des cercles au-dessus d’Anin » et l’image est la même que celle de la couverture de l’album. Le lecteur fait ainsi le lien avec cette dernière, et les cercles qu’effectue l’avion renforcent le danger ressenti et l’imminence de la guerre. L’enfant a souvent le regard tourné vers le ciel, c’est du moins ce que laissent entendre les phrases laconiques qu’il écrit dans son cahier. Il relève ainsi, en plus des manœuvres d’avions, la présence d’« un magnifique oiseau » (le 28 juillet 1939), d’« une montgolfière » (le 30 juillet 1939), d’« un avion [qui] tire un planeur » (le 31 juillet 1939). Ces belles images insouciantes de la nature ou de loisir s’opposent fortement à l’avion en contre-jour sur la couverture. Se pose alors la question suivante : l’enfant observe-t-il le ciel car il est conscient de la menace que représente cet avion, ou est-il plutôt contemplatif des beautés célestes ? La rupture dans la vie de l’enfant a lieu le 1er septembre 1939, date à laquelle il écrit simplement : « La guerre a débuté ». A cet évènement qui marque la fin de l’innocence du petit écrivain s’ensuivent des jours où l’enfant se déplace, se cache, reçoit la visite de ses proches. L’ouvrage se termine sur l’éclatement d’une bombe le 6 septembre 1939, l’arrivée des Allemands le 7 septembre 1939 et sur le fait que « Les avions n’arrêtent pas de voler » le 9 septembre 1939.

Le lecteur peut avoir une double lecture de ce témoignage, puisque coexistent au sein de l’album une première lecture du quotidien de cet enfant ainsi qu’une seconde où se dessinent les inquiétudes qu’entraîne la guerre proche, mais pas encore déclarée. En ce sens et grâce au supplément documentaire présent à la fin de l’album, le lecteur peut en apprendre plus sur le jeune auteur et sur le contexte politique polonais de son époque. Les cinq dernières doubles pages sont, quant à elles, les reproductions de cinq doubles pages du cahier de l’auteur. Ces archives rendent ainsi le récit d’autant plus concret, puisqu’elles restituent la présence de l’enfant. En outre, cet ouvrage est habilement augmenté des illustrations de veine expressionniste de l’artiste et peintre polonaise Ala Bankroft (*1997). Ces dernières rendent parfaitement la tension et les inquiétudes qui s’installent dans l’été du jeune Michal Skibiński.

La force de cet ouvrage réside dans le texte qui ne dit rien et pourtant contient tout, et ses images qui ne contiennent rien et pourtant disent tout. Au sein de ces pages, tout (ou presque) est suggéré : la guerre proche, la peur de l’enfant, les incertitudes. Ces évocations sont la force de cet album, comme une ode à la fugacité et la beauté de la vie contenue dans les micro-évènements quotidiens : « 11.8.1939 : Papa et moi avons fait une joyeuse promenade » et « 30.7.1939 : Une montgolfière est passée au-dessus d’Anin ».

Présentation par l'éditeur

Été 1939. Michal, 8 ans, passe ses vacances à la campagne près de Varsovie. Il a reçu comme consigne de s'exercer à l'écriture, condition sine qua non pour passer dans la classe supérieure. La guerre qui débute va alors s'insinuer progressivement dans son récit de vacances...

Ce document d'archive, bouleversant de simplicité, traduit la menace qui vient au travers de phrases brèves. Chaque jour