La narratrice Louison, Dédé et Gus mènent l'enquête : une grosse « Bête » attaque les petites bêtes du quartier de Montmartre, à Paris. Carpes de la poissonnière, oiseau de compagnie, souris cachées chez le boulanger, tout y passe ! La terreur, de même que la rage, envahissent les habitants qui se connaissent tous dans ces petites rues. Les enfants partent donc sur le sentier de la guerre, et atterrissent, pas loin du Sacré-Coeur en construction, au cabaret du Chat Noir. Là, ils se font moquer par le propriétaire des lieux et son minou hiératique, superbe chose noire aux crocs pointus. D'un commun accord, Louison, Dédé, Gus décident de garder le secret de la « Bête » pour taire le ridicule de la peur des adultes.

Vanessa Hié use de larges aplats de couleurs un peu ternes mais chaudes, marrons et jaunes piquetés de rouge, comme un rappel subtil de la fameuse affiche du Chat Noir de Steinlen, censée être au centre de l'album. Ses personnages rondouillards s'affinent avec les traits à la pointe d'encre qui les composent, et le petit peuple de Paris renaît sur un espace de toits et de pentes. L'histoire toutefois s'écarte énormément du contexte d'effervescence artistique de l'époque, et même l'idée de village finit par disparaître au profit de la quête enfantine, un petit suspens autonome. Ainsi, la dernière page explicative pourra étonner le lecteur, parti bien loin des affiches et des cabarets… Restent l'appétissante meringue de la basilique et le digne félin au regard perçant qui a déjà traversé un siècle.

Sophie Pilaire

Présentation par l'éditeur

Tout a commencé par un hurlement.
La mère Michel, qui vend du poisson
pas très frais, en est tombée à la renverse.
La Bête avait frappé ! Encore !
Dans notre village tout en escaliers,
enfin Montmartre quoi, on ne pouvait pas
laisser faire ça. Avec notre gang des bêtises
(Dédé, Gus et moi), on est partis à la chasse
au ça ! On allait bien finir par l’attraper, la bête !

Montmartre, un peu avant 1900. Trois gamins de la Butte nous conduisent dans une enquête effrénée. D’une ruelle à un escalier, d’un commerçant à l’autre, nous nous régalons à suivre ces minots sympathiques en pleine Belle Époque. La Bête s’avèrera être un majestueux chat noir et pas n’importe lequel ! Celui du cabaret du même nom, celui de l’affiche de Steinlen que l’on retrouve sur toutes les plaques émaillées de France ou sur tous les calendriers qui se veulent un tant soit peu « à la française » de New York à Tokyo. Les illustrations rendent hommage à ce Paris d’antan : les trognes des commerçants, les chapeaux vissés sur les têtes, les rues et ses marchands de 4 saisons, le Sacré-Coeur en construction… Tout y est, pour notre plus grand bonheur.

Découverte de l’affiche de Steinlen La Tournée du Chat Noir.

Feuilleter un extrait

Lire moins