L’Ecole des vers à soie

Jin Ling a onze ans, c’est pour elle une année décisive : elle doit préparer le concours scolaire de fin d’année qui détermine l’entrée au collège. Toute la famille est très concernée, surtout la mère anxieuse pour sa fille unique. Et la partie n’est pas jouée d’avance, car Jin Ling, si elle n’est pas sotte, est très étourdie. Insouciante, elle n’a pas très envie de quitter le monde de l’enfance (« Elle ne s’en fait vraiment pas ! – Pourquoi s’en ferait-elle ? […] Un enfant dépend entièrement des adultes », p. 174, dialogue entre les deux parents).

Un jour, elle récupère quelques vers à soie. Ils se nourrissent de feuilles de mûrier, et Jin Ling en trouve dans le jardin privé d’une vieille dame… Celle-ci accepte de lui donner des feuilles si elle suit ses cours particuliers de mathématiques, et dans le plus grand secret ! C’est une ancienne professeur très renommée. Jin Ling fait des progrès. Malheureusement, sa mère découvre le stratagème, et c’est la fin des cours, selon le contrat de la vieille dame. Le jour de l’examen arrive. La mère de Jin Ling crie à sa fille : « Vas-y, fonce ! » (p. 261).

L’Ecole des vers à soie est un roman charmant. La petite héroïne est particulièrement attachante : « clochette » (traduction de Ling), un peu boulotte, étourdie mais pleine de bonne volonté, elle a très peur de décevoir sa mère Huizi. Leur relation est fusionnelle, compliquée mais pleine d’amour (« Huizi resta abasourdie. […] Même si [Jin Ling] le masquait derrière sa gaieté, elle était en réalité très sensible au jugement et à l’attitude d’autrui, espérait l’affection et l’estime de ses parents. », p. 133). Le récit du narrateur omniscient est celui de la paisible vie quotidienne et des menus événements de la famille de Jin Ling, depuis la vie dans la rue et les voisins jusqu’à la décongélation d’un énorme poisson dans la baignoire. Le lecteur se replonge ainsi dans l’enfance, un âge apparemment léger durant lequel les crises graves trouvent une résolution assez simple. L’épisode avec les vers à soie s’apparente un peu à un conte (la sagesse de la vieille dame, le secret autour des rencontres…) et apporte un contrepoint bienvenu à la monotonie de la description des journées de la petite fille.

Culturellement, on découvrira l’importance des résultats scolaires des enfants en Chine. La réussite est une affaire qui concerne toute la famille, tout est bon pour être admis dans tel ou tel collège plus ou moins renommé (cours particuliers, recommandations…). Assez effrayant de ce point de vue.