Maman les petits bateaux

C’est un album en forme de comptine qu’on commence avec la main légère et en fredonnant. Car, au départ, tout se passe bien sur l’océan : un voilier passe et dans la mer les poissons abondent. Il arrive bien au chat d’en pêcher un ou deux, mais – et ce n’est que justice – au prix de se voir croquer la queue par un autre. Et puis soudain, le temps semble se gâter quand le petit bateau entre sans le vouloir dans l’ombre d’un chalutier géant. Dans la mer affolée, les poissons se trouvent bientôt piégés dans les mailles d’un énorme filet. Puis le chalut électrique entre en scène à son tour pour racler le fond de l’océan, tandis que le petit bateau et son modeste équipage ont été tout bonnement avalés par la coque du gros navire. « Maman les p’tits bateaux qui vont sur l’eau ont-ils une âme ? » continue innocemment la chanson et elle se poursuit... « Mais non mon gros bêta, s’ils en avaient une, ils s’arrêteraient là »...

Paru aux éditions Thierry Magnier, l’album Maman les petits bateaux porte un message écologique clairement engagé. L’ouvrage est dédié à l’association Bloom, fondée par Claire Nouvian qui se bat depuis des années pour protéger le milieu marin et est écrit par Pauline Kalioujny qui, en 2017, avait déjà signé chez cet éditeur Promenons-nous, dans les bois. Même principe, même personnage, il s’agissait d’alerter contre la déforestation. Pour réaliser ses illustrations, l’artiste a utilisé la technique de la linogravure avec des encres de couleur qui donne ce rendu si particulier, à la fois artisanal et original. Enfin, en dépit du tragique de la situation, Pauline Kalioujny n’oublie pas non plus la touche d’humour avec de nombreux clins d’œil, à commencer par le nom du petit bateau « Greta ». Reste à savoir si l’ouvrage ne s’adresse pas plus aux parents qu’aux enfants. Pour les plus petits, il peut véhiculer en tout cas une certaine anxiété et demande à tout le moins un accompagnement.