Les sept crins magiques et autres contes de Palestine

Les contes palestiniens réécrits par Praline Gay-Para, se partagent entre contes moraux proches des fables et on pense à la verve populaire de Nasr Eddin Hodja et contes merveilleux orientaux, dans la lignée des mille et une nuits. A la première veine appartiennent « les deux frères » où la générosité réciproque engendre la prospérité de tous ou au contraire « le partage de l’héritage » qui met en lumière que la passion du gain et la difficulté de l’héritage fait perdre leur intelligence à des frères pourtant astucieux. Ces récits se caractérisent par leur drôlerie comme « le dromadaire et l’âne » où l’égoïsme les conduit à la catastrophe. Comédie des passions humaines, sur des schémas à deux personnages qui s’opposent, ces fables tournent en dérision les comportements habituels et doivent servir à édifier les auditeurs. Au registre des contes merveilleux appartiennent « l’ogre Ghaddar », « le jasmin qui danse, l’eau qui chante »et « l’oiseau avisé ou les sept crins magiques ». Cet univers est celui des passions, des rivalités et des exploits magiques. Comme dans nos contes merveilleux, nous retrouvons les ogres terrifiants mais peu intelligents, les enfants mal aimés, évincés qui réussissent des exploits aidés par les jenouns dévoués au héros, malin. Les illustrations, dessins à l’encre de chine sur des fonds colorés, accompagnent ces deux aspects des contes entre réalisme comique, -le paresseux paraît vraiment très heureux !- et monde merveilleux aux génies cornus et pleins de dents pointus comme les monstres de M Sendak. Quelques raffinements orientaux, jasmin et fontaines ou la présence des ânes et des dromadaires ancrent ces contes dans un univers oriental mais les choix de l’auteure jusque dans les caractères d’oralité, la formulette de clôture, soulignent les convergences universelles plutôt que les différences.