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Date de publication
Age-cible

S'en aller sans retour

Sélection des rédacteurs
Roman
à partir de 13 ans
: 2020977427
7.50
euros

L'avis de Ricochet

Angélique a 16 ans. Sa vie dissolue (soirées, alcool, mauvaises fréquentations) ne font plus réagir que mollement ses parents. Face à tant d’indifférence, elle décide, un jour, de ne pas rentrer chez elle. Afin qu’on ne la retrouve pas, elle prend le train pour Lyon. Là-bas, elle tente de se faire héberger par une connaissance. Mais celle-ci, en études d’assistante sociale, la sermonne et lui propose de la ramener chez elle le lendemain. Tôt le matin, Angélique quitte l’appartement avec des provisions. En consultant ses messages, elle perçoit toute l’inquiétude qu’a provoquée sa disparition. Emue et flattée, elle pense à rentrer quand elle rencontre Ludmilla. Cette dernière a à peu près son âge, et elle connaît la rue, les squats, les combines. Angélique la suit, et commence une vie ou plutôt une survie, où chaque journée est occupée à trouver à manger et à dormir. Une vie de galère, de misère certes, mais qui ne laisse pas le temps de se poser de questions. L’amitié entre les jeunes filles se tisse, jusqu’au jour où Ludmilla tombe malade.
Ce roman évoque le thème de la fugue et du mal-être adolescent, mais également celui de la vie dans la rue. Pour Angélique, l’un entraîne l’autre. Cependant, l’auteur met bien en lumière le décalage entre une rébellion d’ado et la vie dehors, entre l’idée de liberté et la dure réalité.
Le choix de la 1e personne permet de partager les doutes et les rêves d’Angélique, de mieux cerner ses sentiments.
On trouve dans ce récit beaucoup de pudeur et de dignité. L’auteur n’émet pas de jugement, il décrit. Il explique d’ailleurs qu’il a écrit ce livre après s’être occupé d’adolescents en révolte, dont une fugueuse, ce qui l’a fait réfléchir à « cette possibilité un peu effrayante qu’offre notre société de se fondre dans l’anonymat ».
Néanmoins, la brièveté et l’aspect fait divers du récit ne permettent pas de s’attacher réellement aux personnages. En fuyant à tout prix (et très heureusement) le mélo et en privilégiant le descriptif, l’auteur ne s’autorise pas l’émotion qu’il aurait pu susciter.
Il est d’autre part regrettable que le résumé de 4e de couverture dévoile toute l’histoire.
Un roman évoquant avec justesse et sobriété l’adolescence et la vie dans la rue, qui a le mérite de faire relativiser et réfléchir ses jeunes lecteurs.

C.G.

Seconde critique :
La vie familiale d’Angélique, enfant unique, seize ans, est complètement délitée. Laissée à elle-même, la jeune fille a pris l’habitude de s’étourdir dans des fêtes, de sortir quand elle veut avec qui elle veut. Un jour, elle décide de ne plus rentrer et prend le train pour Lyon. Très rapidement, la fugue devient cauchemar.
Le contexte posé par Francisco Arcis est minimal : on sait pourquoi la narratrice Angélique fugue, mais son environnement, ses amis, ses parents demeurent des silhouettes, comme pour mieux souligner la solitude intérieure de la jeune fille. L’analyse psychologique a sa place, de manière toutefois dosée. A Lyon, les descriptions de la vie dans la rue se font plus précises, mettant l’accent sur des réalités sordides : saleté, faim, maladie, béquille de l’alcool... Pas d’insistance, mais des faits sans concessions. La compagne d’Angélique, Ludmilla, a un passé succinct, malheureusement classique des adolescents qui peuvent se retrouver sans abri. En effet, si la fugue d’un jeune est d’abord dictée par une envie de rébellion et de liberté, c’est l’absence de soutien familial, l’arrêt des contacts avec les autres qui rendent les descentes inéluctables. Ce n’est pas le cas d’Angélique, mais la fin brutale parvient à rester ouverte et à bien laisser entendre que le chemin vers une « normalité » sera long. Deuxième roman de l’auteur dans la collection karactère(s), il confirme une sensibilité pudique, une attention à autrui et une capacité à dire beaucoup en peu de mots et de pages. Il ne s’agit pas de faire peur avec un livre-choc, mais de témoigner et de prévenir. S’en aller sans retour se rajoute ainsi aux quelques romans jeunesse réussis sur un sujet que les adultes préfèreraient ne pas voir et auquel les jeunes ne pensent peut-être pas toujours.
A consulter aussi :
Salle des pas perdus de Julia Billet (Ecole des Loisirs, collection Medium)
La Théorie de la relativité de Barbara Haworth-Attard (Thierry Magnier)

Sophie Pilaire

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