Cendorine contre les sorciers

Le jeune roi de la Forêt enchantée, Ménendar, soupçonne les dragons de venir brûler des pans de son royaume. Arrivé chez Kazul, roi des dragons, il rencontre Cendorine, « princesse captive volontaire », qui lui fait comprendre qu’il s’agit d’une manipulation des sorciers. Les deux jeunes gens partent à la recherche de Kazul disparu. Après une malencontreuse expérience en tapis volant, ils se font aider par le magicien Talaman. La délivrance de Kazul s’accompagne du mariage de Cendorine et Ménendar.

Cendorine et les dragons avait laissé l’intrépide princesse heureuse chez son dragon, mais un peu seule. Elle va trouver dans cette épisode un époux à sa mesure, qui n’aime pas les princesses timorées et n’en fait qu’à sa tête avec les protocoles. Patricia C. Wrede continue à pulvériser avec les mêmes entrain et drôlerie le conte traditionnel. Le lecteur s’attend, avec un titre assez plat et des personnages aux fonctions somme toute classiques, à une aventure fantastique comme il en a l’habitude, et il découvre au fil des pages, pour son bonheur, un conte moderne et impertinent, fidèle à la promesse de la quatrième de couverture. Dans un bric-à-brac réjouissant (tapis volant des Mille et une Nuits, dragons moyen-âgeux, ondes magiques issues de la fantasy), elle fait évoluer des héros certes beaux, jeunes, royaux, mais parfois maladroits et surtout qui ne se prennent pas au sérieux. Ils sont entourés de personnages secondaires pas piqués des vers… (Jack le gitan réparateur de tapis volants, un petit prince colérique et son oncle de l’Amicale des Usurpateurs qui veut lui prendre son trône, etc.). L’effet de décalage est accentué par un narrateur omniscient qui ne se permet aucune intrusion. Afin de donner une assise à l’intrigue, quelques trouvailles plus conventionnelles demeurent, comme le déplacement de Ménendar par pincement de fils magiques, les bâtons magiques des sorciers. Pareillement, la structure formelle du conte est conservée : deux héros accompagnés de quelques aides affrontent des méchants avec pour but de délivrer un de leurs amis. Tout se termine bien, dans l’apothéose d’un mariage. Mais en plus, on a bien ri.