Je ne suis pas un monstre

Asha, une jeune fille fuyant une contrée indéterminée, arrive seule sur la terre promise qu'elle cherchait à atteindre après un naufrage. Mais est-ce vraiment le pays qu'elle espérait ? En réalité, la forêt dans laquelle Asha s'enfonce est un immense purgatoire pour tous ceux qui s'y retrouvent, dirigé d'une main de fer par la magicienne Circé. Cette dernière transforme tous les arrivants en monstres ou créatures horribles de la mythologie sans raison ou humanité. Bien qu'étant victime du même sort, Asha est déterminée à retrouver son frère, Malek, parti le premier, avant que sa métamorphose ne s’achève. Au fil de ses pérégrinations, la jeune fille va malgré elle bouleverser le statu quo de la forêt, tout en se battant pour maintenir son humanité et sa dignité dans un monde qui ne voit en elle qu’une bête.

Malgré la prose un peu simple et le retournement de fin un brin bancal, la métaphore sur l’accueil des migrants et la déshumanisation à laquelle ils font face en arrivant dans des pays d’accueil reste toujours percutante. Entre les puissants qui cherchent à achever l’humanité d’Asha (Circé, les harpies, Damaste, Argus, Alcides), ceux qui profitent d’elle (les nymphes, Pan) et ceux qui se sentent impuissants (Echo, Arachné, Yara), le roman parcourt différentes facettes de l’arrivé des réfugiés à travers un prisme mythologique et remet en question la morale et l’ordre établis des sociétés occidentales, immobiles et fermées à la souffrance d’autrui. Finalement, Asha parvient à détruire la forêt et pousse les autres monstres à regagner leur dignité d’êtres humains, forçant leurs oppresseurs à les considérer en tant que tels.

Un roman dans l’air du temps.