La septième fille du Diable (Tome 1) : La Prophétie

Alain Surget est l’une des références incontournables dans le roman historique et il est l’auteur, entre autres romans, de la série des Enfants du Nil, dans laquelle il rend l’Egypte antique extrêmement vivante et proche de nous.
Avec La prophétie, premier tome d’une nouvelle trilogie, il nous entraîne sur l’île anglo-normande de Guernesey, en l’an 1328, au début de la guerre de cent ans. Les troupes françaises menacent de débarquer sur l’île et le roi Edouard recrute des soldats pour combattre les Français.
C’est dans ce contexte troublé que se déroule notre histoire, bâtie en flash back. Dans le prologue, on découvre Lésia, la jeune héroïne au fond d’une geôle, enceinte, misérable, étreinte par la peur et le froid. Elle va mourir bientôt, condamnée pour sorcellerie. Que s’est-il passé, sept ans plus tôt ? Elle menait une vie paisible sur la terre libre de son père, au Vauquiédor, sise à l’ouest de Saint Peter Port, avec ses parents, paysans libres vivant chichement sur une terre privée d’eau et convoitée par le seigneur de l’île. Lésia était alors une jeune fille fantasque, indépendante, énergique, courant la lande parfois à la nuit tombée et s’insurgeant de la brutalité des hommes du bailli, les Loups de Ranulf, trop forts en coups, en gueule et en haine. Tout bascule lorsque le bailli ourdit une machination pour s’emparer de l’alleu de Massy, le père de Lésia. Celui-ci est arrêté, jugé au cours d’un procès grotesque et condamné à mourir sur la roue. Sa mère meurt également, brutalisée par les soldats du bailli. Son amoureux, Pierre, est enrôlé de force dans l’armée. Lésia est seule désormais ; la haine et le désir de vengeance l’amènent dans la cabane de Lilith, la sorcière polymorphe. Elle est prête pour se vouer au diable …
Un roman historique de belle facture, qui bascule doucement vers le fantastique et la sorcellerie, dans un Moyen Age rude pour les petites gens, où la vie est une lutte incessante et où la rébellion est très chèrement punie. Le récit est bien documenté, sans pesanteur didactique, et la langue de Surget riche et précise dans l’emploi de termes et d’expressions de l’époque, souvent très imagées.
Rébecca Dautremer signe une belle couverture.