A la fin des années 1920, Eliane a épousé Pierre, et elle travaille dans une chocolaterie de Blois. Tout va pour le mieux, si ce n’est l’envie de son mari de partir à Paris, et les hésitations d’Eliane quant à avoir un enfant. La jeune femme est encore très marquée par la disparition de son père pendant la Première Guerre Mondiale.
Successivement dans La Guerre d’Eliane (1914-1918), Le Bonheur d’Eliane (1919-1922) et L’Avenir d’Eliane (1923-1926), Philippe Barbeau a fait grandir son héroïne, suivie par un narrateur externe. Ici, la petite fille blessée mais volontaire est devenue une frêle épousée qui craint de faire du vélo et remet son destin entre les mains de son mari. Le lecteur a un peu de mal à reconnaître l’Eliane des tomes précédents, tant elle paraît fade et agace. A trop vouloir montrer sa fragilité, l’auteur finit par ne lui donner qu’une psychologie sommaire, et à alourdir l’action du roman en quelques scènes de vie à l’ambiance mélodramatique outrée. C’est vraiment dommage, et la possibilité d’un cinquième volume ouvert sur la montée du nazisme, ne console pas vraiment la perte de la sensible Eliane des débuts. Reste, il est vrai, un tableau juste du monde ouvrier et de ses vicissitudes dans les années 1920.

Sophie Pilaire