La planète interdite

Les humains ont épuisé leur Terre. Ils sont donc allés voir ailleurs et ont colonisé, méthodiquement, toutes les planètes des différents systèmes. Il en est pourtant une qui leur résiste, qu’ils ont appelée Bérénice. Cela fait des années que le Consortium la scrute, l’étudie et la convoite car elle renferme d’immenses ressources naturelles. Les humains qui y vivent, au sein de sept royaumes amis, ne semblent pas disposer de la technologie suffisante pour empêcher la colonisation. Cependant, les équipes qui ont été envoyées sur le terrain ont disparu ou ont été tuées dans des circonstances étranges. La planète a donc été classée interdite par les autorités.
Justin Mac Lir a passé sa vie à étudier Bérénice, dont le vrai nom est Seis-Keyah. Il en connaît la géographie, les langues, les différents peuples, mais il n’a jamais quitté la station spatiale d’où il mène ses observations. Il ne partage pas le mépris que ses compatriotes éprouvent pour ces peuples jugés primitifs. Bien au contraire, leur mode de vie le fascine et il soupçonne que les habitants de Seis-Keyah possèdent des pouvoirs très étendus et une organisation originale.
Un jour, il se décide. Il ne veut plus passer sa vie à attendre. Il veut savoir ce qu’est devenue Tara Castaneda, disparue sur la planète il y a quelques années. Il veut comprendre les peuples qu’il étudie. Il libère les quatre jeunes femmes de Seis-Keyah, retenues prisonnières sur la station spatiale, et avec la pilote Irène O’Connor, s’enfuit. Il sait qu’il ne reviendra sûrement pas. Commence alors pour lui une autre aventure, dans un monde réel, vivant. Là où vivent le prince Kaherdin, qui dialogue avec les loups, d’étranges enfants mutants, dotés de pouvoirs étendus, des guerrières protectrices, des Veilleurs …
Voici un bon roman de science-fiction, qui aborde un sujet très classique en SF : la colonisation. Au nom de quoi, de qui, peut-on coloniser une terre où des gens vivent depuis des siècles. Ce thème-là permet de mettre en contact des mondes très différents, et de souligner l’incompatibilité entre des modes de pensées radicalement opposés : la technologie à outrance, le profit, la destruction contre l’empathie, la relation à la nature, le respect, l’humain.
Laure-Marie Lapouge traite son sujet de manière très fluide, alternant les chapitres consacrés à chacun des deux mondes, dans la première partie, avant d’immerger totalement ses personnages et ses lecteurs dans l’univers fascinant de la planète Seis-Keyah, dont elle nous dévoile les secrets tout doucement. Elle possède l’art de tenir ses lecteurs en haleine.
On pense, en la lisant, à Marion Zimmer Bradley et sa saga de Ténébreuse, ce qui est plutôt une belle filiation.