L’Etincelle Suivie de La Goutte

« L’Etincelle » :
Angelica habite un petit village verdoyant du Wyoming. Première de la classe un peu à part, elle s’entend bien avec son cousin Moe, solitaire amateur de longues ballades. Un jour, en jouant avec des silex, Angie met le feu à la forêt. Moe la sauve.
« La Goutte » :
Fin des années 1940, en France. Gabriel est intrigué par Helena, une petite fille hollandaise, albinos, qui vient rejoindre sa classe. Il tombe amoureux et la protège des sarcasmes des autres élèves. Helena est victime d’un accident et Gabriel se rapproche d’elle. Mais bientôt, sa famille déménage.
« […] tout ce qu’on peut vivre quand on est petit, c’est souvent considéré comme dérisoire. » (p. 77) : Jean –François Chabas a décidé de prouver le contraire avec ces deux nouvelles, racontées par deux « je » adultes, une jeune femme et un vieil homme. Chacun des personnages relate une expérience enfantine qui l’a marqué durablement, qu’elle soit d’ordre dramatique (le feu) ou sentimental (la larme d’Helena sur la joue de Gabriel). Le registre diffère, les procédés narratifs aussi : dans le premier texte, la narratrice Angelica se souvient (« Je me rappelle […] », p. 7) et raconte au lecteur, tandis que le deuxième fait appel à un dialogue entre Gabriel et un ami qui l’amène à parler. Il n’y a pas de tension ni de chute brutale dans ces récits, tout au plus un suspense (voir l’escalade mémorable de la falaise de L’Etincelle). C’est que l’objectif n’est pas forcément d’entraîner le lecteur, mais de le plonger dans une mémoire, de lui montrer l’importance des « riens » apparents. Les enfants à partir de 10 ans sauront ressentir la sensibilité fine de l’auteur. Et finalement, ces courtes nouvelles de haute volée sont semblables à de longs romans d’apprentissage : « Cette nuit, avec mes pauvres neuf années de moutard, j’ai compris des tas de choses sur la guerre et sur ses injustices. Sur la détestation idiote de ce qui est étranger, aussi. J’ai pris du plomb dans la cervelle. » (p. 72). Convaincant.