Quand on s'embrasse sur la lune

Quand on s'embrasse sur la lune est le deuxième roman destiné aux adolescents et aux jeunes adultes publié par cet auteur américain. Stephen Tunney y mêle science-fiction et romance et situe l’action sur une lune colonisée par l’homme, où règnent la ségrégation, la violence, les inégalités et l’autoritarisme. C’est un univers sombre et oppressant qui est mis en place : la Lune est un endroit désolé, triste, une véritable poubelle ! « Les seuls oiseaux à vivre sur la Lune sont les colibris. D’un blanc polaire, gros comme des chiens, ils parcourent les paysages lunaires en nuées gigantesques. » De plus, l’auteur imagine que la population née sur la Lune est dangereuse pour les non 100% lunaires, a donc interdiction de la quitter et est considérée par les dirigeants comme un sous peuple qui n’a aucun droit. Le papier a disparu et la littérature est en danger, remplacée par des synthèses appauvries soigneusement contrôlées par le pouvoir.
Hieronymus, seize ans, est l’un de ces natifs. Comme tous les Lunaires, il doit en permanence porter des lunettes teintées qui cachent ses yeux. Comme ses compatriotes, il est atteint d’une maladie spécifique, appelée Symbolanose Oculalaire Lunoptique (SOL) et son regard peut tuer ou rendre fou.
Pour avoir ôté ses lunettes afin d’embrasser une jeune touriste au joli nom de Fenêtres-s’abattant-sur-des-moineaux (l’un des seuls moments poétiques du récit), Hieronymus devient hors-la-loi. Il est alors traqué par un policier tenace et raciste qui voudrait éradiquer tous les Lunaires.

Ce gros roman présente des aspects intéressants même s’il aurait gagné en puissance avec un texte plus resserré.
La science-fiction, en situant les récits dans des galaxies et époques lointaines, permet de prendre du recul, mais alerte les lecteurs sur les dérives possibles de nos sociétés dans les domaines politiques, sociaux, culturels ou environnementaux. C’est évidemment le cas ici, en imaginant une Lune dans un état de délabrement et de déliquescence avancé. Les humains ont colonisé la Lune mais n’ont pas tiré de leçons de ce qu’ils ont fait sur terre. Ils se contentent de reproduire des schémas qui donnent les mêmes effets négatifs. C’est ce que dénonce Stephen Tunney dans ce roman sombre, où l’histoire d’amour n’est que secondaire. Pour bons lecteurs.